Liliane Caillaud-Croizat (1936-2018)

Née le 5 août 1936 à Paris (14e arr.), Liliane Croizat a assisté, alors qu’elle n’avait pas quatre ans, au procès de son père, Ambroise Croizat, secrétaire général de la CGT et député communiste de Paris, arrêté sur les marches de l’Assemblée nationale en octobre 1939. Son cri de détresse dans le tribunal n’émeut pas le magistrat qui a demandé son évacuation.

Avec sa mère, elle a rendu visite à de nombreuses occasions à son père à la prison de la Santé, avant qu’elles en soient obligées de se réfugier dans le Vaucluse, pour échapper aux vagues d’arrestations. Un jour de 1943, elle a entendu la voix de son père, sur Radio-Alger. Ambroise Croizat, tout comme d’autres militants, avaient été interné en Afrique du Nord avant d’être finalement libéré après le débarquement des troupes alliées. À plusieurs reprises, elles doivent quitter précipitamment leur cachette, pour éviter de tomber entre les mains de la police qui les recherchent.

À la Libération, elles ont quittés Gigondas (Vaucluse), où elles s’étaient réfugiées grâce à la Résistance. Mis au courant à son retour à Paris, Ambroise Croizat est parvenu à se rendre à Marseille où il a retrouvé sa femme et sa fille, en septembre 1944.

Elle a retrouvé, avec ses parents, le petit appartement de la rue Daguerre, dans lequel la famille vivait depuis 1936. Atteinte d’une grave maladie, Liliane doit être examinée régulièrement à la polyclinique des métallurgistes, rue des Bluets à Paris. En novembre 1945, Ambroise Croizat est nommé ministre du Travail et la famille s’installe rue de Grenelle. C’est dans les salles de réception du ministère qu’elle a appris à faire du vélo.

Après le décès de son père, en février 1951, elle a poursuivi ses études et a intégré l’administration des impôts. En 1963, elle a épousé un ouvrier maçon, Pierre Caillaud, avec lequel elle a eut un fils, Pierre.

Avec opiniâtreté et fermeté, avec toute la CGT, elle n’hésitait jamais à interpeller sans cesse le gouvernement français et les présidents de la République, pour que soit mis fin à l’ignorance sur le rôle et la place d’Ambroise Croizat dans la création de la Sécurité sociale. Liliane eut enfin la satisfaction de voir l’État français reconnaître le rôle déterminant qu’il joua dans la naissance de cette « Sécu » à laquelle les français sont si attachés. Elle lui permit d’occuper la place qui lui est due en 2015 lors des cérémonies du 70e anniversaire de la Sécurité sociale.

Sa dernière apparition dans le film La Sociale de Gilles Perret montre toute sa détermination pour défendre cette Sécurité sociale et toutes les conquêtes du monde du travail.

Elle nous a quittés le 14 mai 2018.

Aller au contenu principal