Dans sa jeunesse, la CGT est farouchement antimilitariste et pacifiste. En 1905, Pierre Le Blavec, secrétaire général de la Fédération CGT des ouvriers en voitures, écope ainsi d’un an de prison pour avoir inciter les soldats à la désobéissance. Mais en août 1914 le slogan « grève générale contre la guerre » ne s’est pas traduit en actes et le syndicalisme renonce à la lutte des classes pour l’Union sacrée. La FTM-CGT, via son secrétaire général Alphonse Merrheim, a été l’une des rares organisations, avec celles du tonneau et des instituteurs, à refuser l’unité avec la bourgeoisie. Elle s’est engagée pour une paix immédiate, sans vainqueur ni annexion, comme celle exigée par la conférence internationale de Zimmerwald (1915) et dont L’Union des métaux, son journal fédéral, s’est fait l’écho.
Si l’idée de paix progresse durant la guerre, deux courants se dessinent. Le premier, révolutionnaire, est favorable à la Russie soviétique et à sa revendication de paix immédiate sans vainqueurs, tandis que l’autre, réformiste, adhère au programme de paix du président nord-américain Wilson. Après-guerre, la lutte pour le désarmement et contre les guerres coloniales de la France, au Maroc (1925) ou en Syrie (1927) par exemple, est surtout menée par la CGTU, dirigée par le courant révolutionnaire exclu de la CGT. Cet engagement est plus important encore durant la guerre civile espagnole (1936-1939). La FTM-CGT s’est impliquée dans une formidable campagne de solidarité avec les républicains espagnols, accueillant les réfugiés, fournissant des vivres, des médicaments, des véhicules, mais aussi des armes et des combattants.
Après la Seconde Guerre mondiale et les sacrifices imposés à la résistance pour libérer le pays de l’occupant nazi et combattre les collaborateurs du régime de Vichy, la CGT a poursuivi la lutte contre les guerres coloniales. Ainsi, elle a multiplié les manifestations et les actions concrètes de solidarité, comme le blocage de trains ou de navires convoyant des soldats et du matériel militaire, l’abandon de commandes militaires par certaines entreprises ou l’envoi de vivres et de matériel, notamment durant les guerres d’Indochine (1946-1954), d’Algérie (1954-1962) et du Vietnam (1959-1975).
Dès le début des années cinquante, la CGT se prononce pour l’interdiction totale de l’arme nucléaire. Elle popularise l’appel de Stockholm lancé par le Comité mondial des partisans de la paix, qui est signé par des centaines de milliers de métallurgistes en France. Son opposition à l’atome militaire ne s’est jamais démentie depuis, en témoigne sa participation en 1995 à la campagne unitaire contre la reprise des essais nucléaires en Polynésie française.
Si la CGT reconnaît la nécessité de la défense du territoire et de l’indépendance nationale, elle revendique aujourd’hui encore la paix et le désarmement. Parmi les nombreuses actions menées dans ce sens, la FTM-CGT a participé à différents rassemblements en France en 1989 contre les sommes colossales consacrées à l’arme nucléaire. Elle a également organisé, avec la Fédération CGT des travailleurs de l’État, une rencontre internationale des industries de l’armement en juin 1991, tout en participant aux manifestations contre les guerres en Irak et en Afghanistan. On peut également mentionner les projets de diversification dans des productions civiles soumis par les syndicats CGT. À l’Aérospatiale Bordeaux, par exemple, il a été proposé de développer des produits pour le domaine médical (des appareils de surveillance des constantes vitales des malades), la sidérurgie et le traitement des ordures ménagères (usage des torches à plasma). De même, la CGT du groupe Thalès porte depuis de nombreuses années le projet de construction d’une filière d’imagerie médicale.
Porter cette revendication de paix et de désarmement implique d’alimenter la réflexion et le débat avec les salariés et la population sur ce qu’elle implique, à savoir la préservation de l’emploi, grâce à des projets de reconversion ou de diversification, la satisfaction des besoins sociaux à l’échelle internationale, par un véritable développement économique fondé sur la coopération et la solidarité.